Comment gérer la sous-traitance en tant qu'auto-entrepreneur ?

13 min


Créé en décembre 2025, mis à jour le 15 décembre 2025

Sous-traiter peut-être une vraie bouffée d’oxygène pour un auto-entrepreneur : absorber un pic d’activité, accéder à une compétence pointue, proposer une offre plus complète au client. Mais mal encadrée, la sous-traitance peut vite devenir un casse-tête : charges sociales sur un chiffre d’affaires que vous ne gardez pas, responsabilité vis-à-vis du client final, risque de salariat déguisé, obligations de vigilance… Ce guide fait le point, de façon pratique, sur les règles à connaître.

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Définition : Qu'est-ce que la sous-traitance pour un auto-entrepreneur ?

On parle de sous-traitance lorsqu’un donneur d’ordre (vous, auto-entrepreneur) confie à un autre professionnel (le sous-traitant) l’exécution d’une partie de la prestation vendue au client final.

Le client ne contracte qu’avec vous :

  • Vous facturez 100 % de la mission au client,
  • Le sous-traitant vous facture sa part,
  • Vous restez pleinement responsable du résultat auprès du client.

Loi du 31 décembre 1975

La sous-traitance est encadrée par la loi (notamment la loi du 31 décembre 1975) et peut concerner tous secteurs :

  • Prestation de services,
  • Activités libérales,
  • Artisanat,
  • BTP, etc.

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Quelle est la différence entre sous-traitance et prestation de service ?

La différence entre sous-traitance et prestation de service repose principalement sur la structure contractuelle et la relation avec le client final.

Prestation de service

Dans une prestation de service classique, l’auto-entrepreneur exécute lui-même la mission pour le compte de son client et peut, le cas échéant, recourir à des fournisseurs ou à des partenaires pour certains aspects matériels.

En revanche, il n’existe pas d’intermédiaire dans la relation de prestation.

Sous-traitance

En sous-traitance, l’auto-entrepreneur agit comme donneur d’ordre. Il vend une prestation globale à son client mais confie une partie de sa réalisation à un autre professionnel. Ce schéma a une conséquence majeure dans le cadre du régime micro-entrepreneur : le chiffre d’affaires déclaré correspond au montant total facturé au client, sans déduction possible des sommes reversées au sous-traitant. L’auto-entrepreneur paie donc ses cotisations sociales sur l’intégralité du prix de la mission, y compris sur la part qu’il ne conserve pas.

Dans ce cas...

Il peut être utile de se demander s’il est possible d’avoir plusieurs micro-entreprises et dans quelles conditions juridiques.

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Un auto-entrepreneur peut-il sous-traiter une partie de son activité ?

Oui, un auto-entrepreneur peut parfaitement recourir à la sous-traitance, quel que soit le statut de son sous-traitant. Il peut s’agir d’un autre auto-entrepreneur, d’une société commerciale ou d’un artisan. Ce droit est reconnu dans tous les secteurs d’activité, sous réserve de respecter les règles légales applicables.

Lorsque la sous-traitance devient récurrente ou structurelle, certains indépendants s’interrogent sur l’opportunité de créer une activité distincte.

Sous-traitance de spécialité vs capacité

On distingue généralement deux grandes formes de sous-traitance.

Sous-traitance de spécialité

La sous-traitance de spécialité intervient lorsque l’auto-entrepreneur ne dispose pas des compétences techniques nécessaires à la réalisation d’une partie de la mission. Il fait alors appel à un professionnel spécialisé pour compléter son offre.

Sous-traitance de capacité

À l’inverse, la sous-traitance dite de capacité correspond à une situation dans laquelle l’auto-entrepreneur connaît un surcroît temporaire d’activité. Il sous-traite non pas par manque de compétence, mais pour respecter ses délais et ses engagements commerciaux.

Dans les deux cas, le donneur d’ordre reste pleinement responsable de la prestation livrée. La sous-traitance ne constitue jamais un transfert de responsabilité à l’égard du client final.

Cadre légal et obligations à respecter

Recourir à la sous-traitance implique de respecter un certain nombre d’obligations :

  • L’auto-entrepreneur doit s’assurer que son sous-traitant est régulièrement immatriculé, qu’il respecte ses obligations sociales et fiscales et qu’aucune situation de travail dissimulé n’existe.
  • Il doit également veiller à ne pas créer de lien de subordination avec le sous-traitant, sous peine de voir la relation requalifiée en contrat de travail.
  • Enfin, il est indispensable de vérifier que son assurance responsabilité civile professionnelle couvre bien les prestations sous-traitées, certaines compagnies excluant ce type de situation de leurs garanties.

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Comment établir un contrat de sous-traitance efficace ?

Même si la loi n’impose pas systématiquement la rédaction d’un contrat écrit, celui-ci est fortement recommandé afin d’assurer la sécurité juridique de la relation. Le contrat de sous-traitance permet de définir précisément les droits et obligations de chaque partie et d’anticiper les éventuels litiges.

Mentions obligatoires du contrat

Un contrat de sous-traitance doit au minimum identifier clairement les parties, décrire la mission confiée, préciser le calendrier d’exécution, le prix de la prestation, les modalités de règlement ainsi que les conditions de résiliation.

Il est également recommandé d’y intégrer des clauses relatives à la responsabilité, à la confidentialité et à la propriété intellectuelle lorsque la prestation donne lieu à la création de contenus ou d’ouvrages protégés.

Modèle de contrat et bonnes pratiques

En pratique, il est possible de s’appuyer sur un modèle de contrat existant, à condition de l’adapter précisément à l’activité exercée.

La rédaction doit être suffisamment détaillée pour éviter toute ambiguïté sur :

  • Le périmètre des travaux confiés,
  • Les délais de livraison et
  • Les attendus de qualité.

Il est essentiel que le contrat soit signé avant le démarrage effectif de la mission.

À défaut, un devis accepté ou un bon de commande peut également servir de base juridique, mais offre une protection moins complète.

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Comment facturer une prestation de sous-traitance en tant qu'auto-entrepreneur ?

Règles de facturation et déclaration URSSAF

Dans une opération de sous-traitance, deux factures distinctes interviennent.

Facturation entre auto‑entrepreneur et sous‑traitant

L’auto-entrepreneur facture directement le client final pour le montant global de la prestation. Ce montant constitue son chiffre d’affaires et doit être déclaré à l’URSSAF dans les conditions habituelles. Le sous-traitant, quant à lui, adresse sa facture à l’auto-entrepreneur donneur d’ordre.

Sous‑traitance et micro‑entreprise : une charge non déductible

Dans le cadre du régime micro-entrepreneur, la facture du sous-traitant ne peut pas être déduite du chiffre d’affaires déclaré.

L’auto-entrepreneur est donc soumis aux cotisations sociales sur la totalité du montant encaissé auprès du client, même si une partie de cette somme est ensuite reversée au sous-traitant.

Cette règle doit impérativement être intégrée dans la construction des prix.

Cas pratique : quel est le tarif d'un auto-entrepreneur sous-traitant ?

Prenons l’exemple d’une mission facturée 4 000 euros au client final, dont 2 000 euros sont reversés à un sous-traitant.

L’auto-entrepreneur devra déclarer 4 000 euros de chiffre d’affaires et paiera ses cotisations sociales sur cette base, alors même que sa marge réelle n’est que de 2 000 euros avant charges.

Sous‑traitance et micro‑entreprise : un risque pour la rentabilité

Ce mécanisme peut réduire significativement la rentabilité d’une mission mal calibrée. C’est pourquoi la sous-traitance est souvent déconseillée en micro-entreprise lorsqu’elle devient structurelle et représente une part importante de l’activité.

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Quels documents demander à un sous-traitant auto-entrepreneur ?

Attestation de vigilance et vérifications obligatoires

Le donneur d’ordre est tenu à une obligation de vigilance, en particulier lorsque le montant des prestations est élevé.

Il doit notamment vérifier que le sous-traitant est bien déclaré et à jour de ses obligations sociales. La demande d’une attestation de vigilance délivrée par l’URSSAF permet d’attester que le sous-traitant s’acquitte correctement de ses cotisations.

A noter

Cette vérification doit être réalisée au début de la relation contractuelle et renouvelée périodiquement si la collaboration se prolonge.

Contrôles administratifs et fiscaux

En cas de contrôle, l’auto-entrepreneur doit être en mesure de produire les contrats, devis, factures et attestations sociales relatifs à ses sous-traitants.

À défaut, il peut être tenu pour responsable des manquements constatés chez le sous-traitant. La conservation rigoureuse de ces documents est donc indispensable pour sécuriser juridiquement l’activité.

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Sous-traitance dans le bâtiment : quelles spécificités ?

La sous-traitance est particulièrement répandue dans le secteur du bâtiment, mais elle y est aussi plus encadrée, notamment en matière de responsabilité et de fiscalité.

Autoliquidation de la TVA en BTP

Lorsque des travaux immobiliers sont réalisés en sous-traitance pour une entreprise assujettie à la TVA, le mécanisme d’autoliquidation peut s’appliquer.

Dans ce cas, le sous-traitant facture hors taxes et mentionne expressément l’autoliquidation sur sa facture. C’est le donneur d’ordre qui devient redevable de la TVA auprès de l’administration fiscale. Ce régime concerne l’essentiel des travaux de construction, de rénovation et certaines opérations connexes.

Responsabilités du donneur d'ordre

Dans le BTP, l’auto-entrepreneur donneur d’ordre reste responsable vis-à-vis du client final des dommages causés par le sous-traitant.

En cas de malfaçons ou d’accident, le client pourra se retourner contre lui. Il est donc indispensable de vérifier que le sous-traitant dispose des assurances obligatoires, notamment la responsabilité civile professionnelle et, le cas échéant, la garantie décennale.

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Comment éviter le salariat déguisé en sous-traitance ?

Identifier les signes d’un salariat déguisé

Le salariat déguisé constitue l’un des principaux risques de la sous-traitance. Il est caractérisé par l’existence d’un lien de subordination entre le donneur d’ordre et le sous-traitant. Concrètement, si le sous-traitant se voit imposer des horaires, un lieu de travail, des méthodes strictes d’exécution et qu’il ne dispose d’aucune autonomie dans l’organisation de sa mission, la relation peut être requalifiée en contrat de travail.

Assurer l’indépendance du sous‑traitant

Pour éviter ce risque, le sous-traitant doit conserver une réelle indépendance dans l’exécution de sa prestation et pouvoir travailler pour plusieurs clients. Le contrat de sous-traitance doit refléter cette autonomie.

Les conséquences financières d’une requalification

En cas de requalification, les conséquences financières peuvent être lourdes pour le donneur d’ordre, notamment en matière de cotisations sociales et de sanctions pour travail dissimulé.

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Comment gérer la sous-traitance en tant qu'auto-entrepreneur, ce qu'il faut retenir ?

Un auto-entrepreneur peut-il recourir à la sous-traitance et dans quelles limites ?

Oui, l’auto-entrepreneur peut sous-traiter une partie de son activité, que ce soit pour compléter ses compétences ou absorber un surplus de travail. Cette pratique est légale, quel que soit le statut du sous-traitant.

En revanche, elle est économiquement contraignante, car les sommes versées au sous-traitant ne sont pas déductibles du chiffre d’affaires. Les cotisations sociales restent dues sur le montant total facturé au client final, ce qui oblige à anticiper précisément l’impact sur la rentabilité.

Comment bien encadrer la relation avec un sous-traitant ?

Il est fortement recommandé d’établir un contrat de sous-traitance écrit, détaillant :

  • La prestation confiée,
  • Le prix,
  • Les délais,
  • Les modalités de règlement,
  • Les responsabilités et
  • Les conditions de résiliation.

Le donneur d’ordre doit également vérifier que le sous-traitant est régulièrement immatriculé, à jour de ses cotisations sociales et correctement assuré.

Ces précautions permettent de sécuriser la relation contractuelle et d’éviter de lourdes conséquences en cas de contrôle ou de litige.

Comment facturer une mission sous-traitée en micro-entreprise ?

L’auto-entrepreneur facture l’intégralité de la prestation au client final et déclare ce montant comme chiffre d’affaires auprès de l’URSSAF.

Le sous-traitant lui adresse ensuite sa propre facture.

En micro-entreprise, cette dépense n’est pas déductible. Les cotisations sociales sont donc calculées sur la totalité du prix payé par le client, ce qui peut réduire la marge réelle. La tarification doit impérativement intégrer ce mécanisme pour rester économiquement viable.

Quels sont les principaux risques liés à la sous-traitance pour un auto-entrepreneur ?

Les principaux risques sont la requalification en salariat déguisé, la responsabilité vis-à-vis du client final et les conséquences financières liées au régime micro-social.

Dans le secteur du bâtiment, s’ajoutent des règles spécifiques comme l’autoliquidation de la TVA et des obligations d’assurance renforcées.

Les risques d’une sous‑traitance mal encadrée

Une sous-traitance mal encadrée peut entraîner des redressements URSSAF, des litiges commerciaux et des pertes de rentabilité importantes.

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