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Tout ce qu'il faut savoir pour ouvrir un compte bancaire en tant qu'auto-entrepreneur
15 min
Créé en septembre 2025, mis à jour le 27 novembre 2025
Ouvrir un compte bancaire lorsqu’on exerce en auto-entreprise n’est pas toujours obligatoire, mais il est fortement encadré par la loi. Depuis la loi PACTE de 2019, les micro-entrepreneurs ne sont tenus d’ouvrir un compte bancaire dédié que sous certaines conditions, mais beaucoup de banques imposent encore leurs propres règles. Compte courant, compte spécifique “entrepreneur individuel”, compte professionnel, banque en ligne ou traditionnelle : les options sont nombreuses, les obligations pas toujours claires, et les erreurs peuvent entraîner un contrôle ou un blocage bancaire.
Ce guide explique précisément ce que dit la loi, ce que vous risquez en cas de non-respect, comment choisir un compte adapté à votre activité et comment l’ouvrir en pratique.
Sommaire
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Compte bancaire pour auto-entrepreneur : que dit la loi ?
Le seuil des 10 000€
Depuis la loi PACTE, l’ouverture d’un compte bancaire dédié devient obligatoire uniquement si votre chiffre d’affaires dépasse 10 000 € pendant deux années civiles consécutives. Si ce seuil est franchi, vous disposez d’un délai de douze mois pour ouvrir un compte réservé à votre activité.
Avant ce seuil, l’auto-entrepreneur peut utiliser son compte bancaire personnel, à condition qu’il soit distinct de celui utilisé pour ses dépenses privées. Cela signifie concrètement qu’il est interdit de mélanger dépenses personnelles et transactions professionnelles sur un même compte bancaire.
En cas d’activité commerciale (fonds de commerce, vente, restauration, e-commerce), la loi impose toutefois un compte séparé dès le début de l’activité, même en dessous de 10 000 €.
Loi PACTE : ce qui a changé pour les micro entreprises
Avant 2019, l’obligation d’ouvrir un compte dédié s’appliquait à tous les auto-entrepreneurs dès la création. La loi PACTE a assoupli cette règle afin de limiter les formalités pour les activités à faible revenu.
Cependant, cette réforme n’a pas supprimé l’obligation d’avoir un compte dédié : elle l’a simplement conditionnée au seuil de chiffre d’affaires.
La loi introduit également une autre règle importante : le compte doit mentionner le statut d’entrepreneur individuel (EI). Cette obligation découle de la réforme du statut EI entrée en vigueur en 2022, qui sépare désormais le patrimoine personnel et professionnel de l’entrepreneur.
Quelles sont les différences entre un compte dédié et un compte professionnel ?
La loi n’impose pas d’ouvrir un compte professionnel : un simple compte courant peut suffire, à condition qu’il soit exclusivement réservé à l’activité.
La différence est donc juridique et commerciale, pas légale :
| Compte bancaire dédié | Compte bancaire professionnel |
|---|---|
| Peut être un compte courant classique | Ouvre des services spécifiques (terminal carte, financement, assurances) |
| Moins cher, voire gratuit selon la banque | Payant, abonnement mensuel et commissions |
| Fonctionne au nom de la personne physique | Ouvert au nom de l’entrepreneur individuel (EI) |
| Suffit pour la plupart des auto-entrepreneurs | Requis si besoin de chèque à l’ordre du nom commercial, TPE, emprunt, etc. |
En pratique, certaines banques refusent l’usage professionnel d’un compte personnel, même si la loi ne l’interdit pas. Il faut donc vérifier leurs conditions générales avant de s’engager.
Quelles sanctions en cas de non-respect des obligations ?
Il n’existe pas d’amende automatique si vous n’ouvrez pas de compte avant dépassement des seuils. En revanche, deux risques existent :
- Contrôle fiscal ou URSSAF : l’administration peut exiger la justification de toutes les entrées et sorties financières. Un compte non séparé complique la preuve et peut être interprété comme une volonté de dissimulation.
- Blocage bancaire : une banque peut fermer un compte utilisé de manière non conforme à ses CGV (ex : utiliser un compte personnel pour une activité professionnelle alors qu’elle l’interdit).
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Quel type de compte bancaire choisir en tant qu'auto-entrepreneur ?
Le choix du compte dépend du type d’activité exercée, du volume de chiffre d’affaires, des besoins bancaires (encaissement de chèques, terminal de paiement, demandes de prêts, exportation, etc.) et des conditions imposées par la banque choisie. La loi donne de la flexibilité, mais la pratique bancaire est souvent plus restrictive.
Compte personnel dédié : avantages et limites
Un auto-entrepreneur peut ouvrir un simple compte courant, tant qu’il est réservé à son activité, distinct de son compte personnel et qu’il mentionne le statut « Entrepreneur individuel » (EI). Ce choix est souvent privilégié par les micro-entrepreneurs débutants car :
- il n’entraîne pas de frais supplémentaires (souvent gratuit ou quelques euros par mois),
- il permet d’éviter les frais de tenue de compte professionnels,
- il reste adapté aux activités sans besoins bancaires complexes.
Cependant, ce type de compte présente des limites concrètes : certaines banques interdisent l’utilisation professionnelle de leur compte courant via leurs conditions générales. D’autres refusent d’encaisser des chèques ou virements libellés au nom commercial (« Atelier Lison », « Design Étude », etc.). Enfin, le découvert autorisé et l’accès au crédit sont souvent plus restreints que sur un compte pro.
Compte professionnel : services et tarifs spécifiques
Un compte professionnel est un produit bancaire destiné à des entreprises, y compris aux entrepreneurs individuels. Il permet d’accéder à des services non disponibles sur un compte courant classique, tels que :
- terminal de paiement ou solutions d’encaissement,
- accès au crédit professionnel et autorisation de découvert renforcée,
- possibilité d'encaisser des chèques libellés au nom commercial,
- interface comptable et export des relevés,
- options d’assurances, d’épargne professionnelle ou d’affacturage,
- assistance juridique ou accompagnement dédié aux entrepreneurs.
En contrepartie, ce type de compte est presque toujours payant, soit sous forme d’abonnement (entre 6 € et 30 € par mois en moyenne), soit de commissions à l’usage. Les auto-entrepreneurs qui ont peu de transactions mais un besoin d’image professionnelle (consultants, formateurs, activités B2B) peuvent y trouver un intérêt.
Mention "Entrepreneur Individuel" sur le compte
Depuis la réforme 2022 du statut de l’entrepreneur individuel (séparation automatique des patrimoines), les banques doivent faire figurer la mention « Entrepreneur individuel » ou « EI » sur le compte bancaire dédié.
Ce point est important pour deux raisons :
- un compte sans cette mention ne permet pas de distinguer patrimoine privé et professionnel en cas de saisie,
- certaines banques considèrent que cette mention oblige à passer sur un compte pro, alors qu’aucune loi ne l’impose.
Cela explique pourquoi, en pratique, certaines banques poussent les auto-entrepreneurs vers un compte professionnel même lorsque la loi autorise un compte personnel.
Cas particuliers : activités multiples et salariat
Un auto-entrepreneur peut cumuler son activité indépendante avec un emploi salarié, des allocations chômage ou une autre source de revenus. Dans ce cas, le compte auto-entrepreneur ne doit servir que pour les opérations professionnelles.
Inversement, si vous exercez plusieurs activités sous le même numéro SIRET (ex. graphiste + cours de yoga), vous ne pouvez pas ouvrir plusieurs comptes bancaires distincts : la loi impose un seul compte dédié pour centraliser les recettes, même si les activités sont très différentes.
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Comparatif de banques et comptes pro gratuits
Le marché bancaire pour auto-entrepreneurs s’est fortement diversifié ces dernières années. On distingue aujourd’hui trois grandes catégories d’offres :
- les banques traditionnelles (Crédit Mutuel, BNP, CIC, etc.),
- les banques en ligne grand public (Boursorama, Hello Bank),
- les néobanques professionnelles (Qonto, Shine, Revolut Business, etc.).
Banques en ligne : Qonto, Revolut et néobanques
Les comptes destinés aux auto-entrepreneurs dans ces établissements reposent sur un modèle simple : ouverture 100 % en ligne, abonnement mensuel ou annuel, support client digital, outils de gestion intégrés (facturation, exports comptables, justificatifs par scan, etc.).
Exemples de fonctionnalités :
- carte bancaire Mastercard ou Visa,
- interface de catégorisation des dépenses,
- virements instantanés gratuits ou peu coûteux,
- accès multi-utilisateurs ou tracking des justificatifs,
- intégration avec logiciels comptables.
Ces comptes sont particulièrement adaptés aux activités sans manipulation de chèques ou d’espèces, et aux indépendants à forte activité dématérialisée (consulting, rédaction web, formation, graphisme, développement, marketing digital…).
Banques traditionnelles : tarifs et services
Les banques classiques restent choisies par les auto-entrepreneurs qui souhaitent un conseiller physique, la possibilité de déposer des chèques ou des espèces, ou un accompagnement bancaire à long terme (crédit immobilier, caution bancaire, etc.).
Les tarifs varient fortement : selon les banques, un compte pro peut coûter de 7 € à plus de 30 € par mois, hors frais de carte, commission de mouvement ou frais de tenue de compte.
Ces banques restent mieux adaptées aux professionnels ayant des flux financiers mixtes (encaissements en espèces, chèque, terminal bancaire physique, dépôt de recettes en agence).
Comptes professionnels gratuits : offres disponibles
Il existe des offres dites « gratuites », mais elles le sont sous conditions :
- plafond de chiffre d’affaires ou d’opérations,
- carte virtuelle mais carte physique payante,
- absence de dépôt de chèque,
- frais sur virements sortants ou sur retraits,
- options facturées à l’unité.
Autrement dit, un compte peut être gratuit tant que l’auto-entrepreneur a peu de mouvements bancaires. Dès que l’activité se développe, des frais additionnels apparaissent.
Critères de choix pour votre compte en banque : frais, services et accompagnement
Pour comparer efficacement les banques dédiées aux auto-entrepreneurs, il est utile d’observer quatre éléments :
- Les frais bancaires : abonnement, carte, retraits, virements, commissions.
- Les moyens d’encaissement : chèque, espèces, carte, paiement en ligne, terminal.
- Les services annexes : facturation, comptabilité, export CSV, assistance juridique.
- La capacité d’évolution : possibilité d’obtenir un crédit ou un découvert plus tard.
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Comment ouvrir son compte bancaire auto entrepreneur ?
L’ouverture d’un compte bancaire dédié n’est ni automatique ni instantanée : chaque banque applique ses propres règles d’acceptation, ses justificatifs obligatoires et parfois même des restrictions sur l’usage professionnel. Selon l’établissement choisi (banque en ligne, néobanque, banque physique), les démarches varient, mais les documents justificatifs restent globalement les mêmes.
Quels sont les documents nécessaires et quelles démarches effectuer ?
Pour ouvrir un compte bancaire dédié à votre activité, vous devrez fournir au minimum :
- une pièce d’identité en cours de validité,
- un justificatif de domicile de moins de 3 mois,
- un justificatif d’immatriculation de votre micro-entreprise (extrait INPI / extrait RNE / numéro SIRET),
- parfois un justificatif de situation fiscale (dernier avis d’imposition),
- dans certaines banques : un prévisionnel d’activité ou une attestation sur l’honneur.
À noter
Si votre entreprise est domiciliée chez un tiers (parents, hébergeur, espace de coworking ou société de domiciliation), des justificatifs complémentaires sont demandés (attestation d’hébergement + justificatif de domicile de l’hébergeur, ou contrat de domiciliation).
Les délais et procédure d'ouverture en ligne
Les néobanques professionnelles et banques en ligne permettent une ouverture de compte en quelques minutes, avec validation sous 24 à 72 heures en moyenne.
La procédure est intégralement dématérialisée :
- dépôt des documents via scan ou photo,
- signature électronique du contrat,
- premier virement ou dépôt pour activer le compte,
- réception de la carte bancaire par courrier si elle est incluse.
La rapidité d’ouverture est l’un des principaux arguments qui ont poussé de nombreux auto-entrepreneurs vers des acteurs 100 % en ligne, contrairement aux banques traditionnelles qui exigent parfois un rendez-vous en agence et un délai d’analyse plus long.
Refus d'ouverture : quels recours et quelles solutions en tant qu'auto-entrepreneur
Une banque est libre d’accepter ou de refuser l’ouverture d’un compte. Si elle refuse, elle doit obligatoirement fournir une attestation de refus d’ouverture.
Ce document permet d’activer la procédure dite du « droit au compte » auprès de la Banque de France. Celle-ci désigne alors une banque qui aura l’obligation d’ouvrir un compte, avec un service bancaire de base comprenant :
- un RIB,
- une carte bancaire à autorisation systématique,
- des virements et prélèvements gratuits,
- la consultation du solde en ligne,
- la possibilité de recevoir des paiements.
Ce droit fonctionne aussi bien pour un compte personnel que pour un compte dédié à une activité indépendante. Il constitue donc une garantie légale pour tout auto-entrepreneur qui se verrait refusé par plusieurs banques (situation fréquente en cas de fichage Banque de France, activité jugée risquée, ou absence de revenus fixes).
Erreurs à éviter lors de la gestion du compte
L’ouverture du compte ne suffit pas : encore faut-il l’utiliser correctement. Les erreurs les plus courantes chez les auto-entrepreneurs sont :
- mélanger dépenses personnelles et professionnelles sur le même compte bancaire,
- ne pas déclarer correctement ses revenus encaissés sur le compte,
- oublier d’anticiper les prélèvements Urssaf et de CFE et se retrouver à découvert,
- ne pas conserver les justificatifs de paiement (risque en cas de contrôle fiscal),
- changer d’activité ou de banque sans mettre à jour les coordonnées de paiement des clients ou organismes sociaux.
Une bonne gestion bancaire consiste à utiliser le compte dédié exclusivement pour : encaisser les recettes, payer les dépenses liées à l’activité, prélever sa rémunération personnelle et régler les cotisations sociales et fiscales.
À l’inverse, tout paiement personnel (loyer, courses, loisirs) doit être fait depuis un compte distinct.
Ouvrir un compte bancaire dédié
C'est une étape importante pour structurer son activité d’auto-entrepreneur, même lorsqu’il n’est pas encore juridiquement obligatoire. La loi impose ce compte dès que le chiffre d’affaires dépasse 10 000 € deux années de suite, mais le séparer plus tôt permet déjà de simplifier la gestion, le suivi des charges et les déclarations fiscales.
Le choix entre compte personnel dédié et compte professionnel dépend surtout des besoins en services bancaires : moyens d’encaissement, accompagnement, autorisation de découvert, ou encore accès au crédit. L’essentiel est donc de choisir un compte adapté à son activité et à son volume, afin de pouvoir faire évoluer son organisation sans contrainte.
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FAQ | Tout ce qu'il faut savoir pour ouvrir un compte bancaire en tant qu'auto-entrepreneur
Un auto-entrepreneur doit-il ouvrir un compte bancaire professionnel ?
Non, la loi n’impose pas un compte « professionnel », mais un compte bancaire dédié à l’activité si le chiffre d’affaires dépasse 10 000 € pendant deux années consécutives. Ce compte peut être un simple compte courant personnel distinct, à condition qu’il soit réservé aux opérations professionnelles et porte la mention « Entrepreneur Individuel ».
Comment ouvrir un compte bancaire en tant qu'auto-entrepreneur ?
L’ouverture se fait comme pour un particulier, mais avec des justificatifs supplémentaires (pièce d’identité, SIRET, justificatif de domicile, parfois attestation d’activité). Si une banque refuse l’ouverture, l’auto-entrepreneur peut activer le « droit au compte » auprès de la Banque de France, qui désignera un établissement obligatoire pour accepter la demande.
Un auto-entrepreneur peut-il utiliser un compte bancaire personnel ou doit-il ouvrir un compte professionnel ?
Oui, tant que ce compte est dédié uniquement aux transactions professionnelles. En dessous du seuil légal, il n’est pas obligatoire d’ouvrir un compte séparé, mais c’est fortement recommandé pour une gestion claire. Au-delà du seuil de 10 000 €, un compte distinct devient obligatoire, mais il peut rester un compte personnel et non un compte « pro ».
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