Quel est le montant d'impôt à payer par un auto-entrepreneur en première année ?

15 min


Créé en septembre 2025, mis à jour le 28 novembre 2025

La première année en auto-entreprise, la question du montant des impôts et des charges revient systématiquement. Contrairement à une idée répandue, un auto-entrepreneur n’est pas exonéré d’impôt la première année : il doit payer ses cotisations sociales dès son premier euro de chiffre d’affaires, ainsi que l’impôt sur le revenu, sauf cas particuliers. En revanche, certaines exonérations et allègements existent, notamment concernant la cotisation foncière des entreprises (CFE), l’ACRE ou encore le régime de TVA.
Comprendre comment sont calculées les cotisations sociales, l’impôt sur le revenu, les exonérations applicables, la première déclaration fiscale ou encore le calcul du revenu net est essentiel pour anticiper sa trésorerie et éviter les erreurs de début d’activité. Ce guide vous expose, étape par étape, ce que vous devez payer, pourquoi, à quelle date et selon quelles règles fiscales.

1
Quelles sont les charges et impôts à payer la première année en auto-entrepreneur ?

La première année, l’auto-entrepreneur est soumis à trois grandes catégories de prélèvements :

  1. les cotisations sociales (Urssaf),
  2. l’impôt sur le revenu,
  3. la CFE (mais pas la première année).

Les montants réellement payés dépendent du chiffre d’affaires réalisé, du type d’activité exercée et, le cas échéant, du choix du versement libératoire de l’impôt.

Les taux URSSAF selon votre activité

En auto-entreprise, les cotisations sociales ne sont jamais calculées sur le bénéfice, mais uniquement sur le chiffre d’affaires encaissé. Elles sont proportionnelles et sans minimum : si votre chiffre d’affaires est de 0 €, vous ne payez rien.

Les taux 2025 sont les suivants :

  • 12,3 % pour la vente de marchandises, restauration à emporter ou fourniture de logement (BIC ventes),
  • 21,2 % pour les prestations de services commerciales et artisanales (BIC prestations),
  • 21,1 % pour les activités libérales affiliées à l’Urssaf (BNC),
  • 21,2 % pour les professions libérales affiliées à la CIPAV.

Ces taux comprennent l’ensemble de la protection sociale : assurance maladie, retraite de base et complémentaire, invalidité-décès et allocations familiales.

En cas d’obtention de l’ACRE, ces taux sont réduits de 50 % pendant 12 mois. Ainsi, un prestataire de services libéral ne paiera plus 21,1 %, mais 10,55 % la première année.

L'abattement pour les prestations de services

Si vous n’optez pas pour le versement libératoire, votre impôt sur le revenu sera calculé sur un revenu forfaitaire, obtenu après application d’un abattement automatique sur votre chiffre d’affaires.

En 2025, l’abattement est de :

  • 71 % pour les activités de vente et hébergement (BIC),
  • 50 % pour les prestations de services commerciales et artisanales (BIC),
  • 34 % pour les activités libérales (BNC).

Cet abattement est censé représenter vos frais professionnels. Vous n’avez aucune comptabilité détaillée à fournir : l’administration applique ce taux automatiquement.

Exemple

Vous êtes consultant indépendant (BNC) et réalisez 30 000 € de chiffre d’affaires en 2025. L’impôt sur le revenu sera calculé sur 30 000 € × 66 % = 19 800 €.

La contribution à la sécurité sociale

Depuis 2020, les auto-entrepreneurs relèvent du régime général de la sécurité sociale. Leur interlocuteur pour la santé est la CPAM, et leurs cotisations sont collectées par l’Urssaf. Il n’existe aucune cotisation fixe dite « minimale » : tout est proportionnel au chiffre d’affaires réellement encaissé.

Ce fonctionnement est un avantage important face aux régimes classiques d’entrepreneurs individuels qui doivent payer des cotisations même en l’absence de revenu.

2
Quelles sont les exonérations disponibles en première année ?

La première année, plusieurs allègements sont possibles, mais ils ne concernent pas tous les postes de charges. Seules trois mesures s’appliquent réellement à la majorité des auto-entrepreneurs : l’ACRE, l’exonération de CFE, et la franchise en base de TVA.

L'ACRE : conditions et avantages

L’ACRE (Aide à la Création ou Reprise d’Entreprise) permet de réduire de 50 % les cotisations sociales pendant 12 mois. Vous devez en faire la demande dans les 45 jours suivant la création, sauf cas d’attribution automatique (chômeur indemnisé, RSA, etc.).

Exemple : un prestataire de services paie normalement 21,2 % de cotisations sociales. Avec l’ACRE, il ne paiera que 10,6 % pendant la première année.

L’ACRE ne concerne que les cotisations sociales. Elle ne réduit ni la CFE, ni l’impôt sur le revenu.

L'exonération de la cotisation foncière des entreprises

La CFE est due chaque année par les auto-entrepreneurs, mais elle est exonérée la première année, sans démarche particulière. Cette exonération est valable quelle que soit la date de création au cours de l’année civile.

Toutefois, vous devez déclarer votre situation auprès du service des impôts des entreprises via le formulaire 1447-C-SD avant le 31 décembre 2025, afin que l’administration puisse calculer votre CFE à partir de la deuxième année.

La deuxième année, vous bénéficiez d’une réduction de 50 %. Vous ne payez la CFE au taux plein qu’à compter de la troisième année d’activité, sauf exonération spécifique (zones, CA < 5 000 €, activités artisanales, etc.).

La franchise de TVA pour les débutants

En auto-entreprise, vous ne facturez pas la TVA si vous restez sous les seuils suivants (2025) :

  • 36 800 € pour les prestations de services,
  • 91 900 € pour la vente de marchandises et l’hébergement.

Vous devez alors afficher sur vos factures : « TVA non applicable, article 293 B du CGI ». Ce régime vous dispense de déclarations TVA, mais vous empêche de récupérer la TVA sur vos achats.

Bon à savoir

Un auto-entrepreneur peut volontairement choisir d’être assujetti à la TVA dès sa première année, même s’il reste en dessous des seuils de franchise. Ce choix peut être pertinent si votre activité nécessite des achats importants comportant de la TVA (ex : matériel audiovisuel, logiciels, stocks revendus). Une fois cette option exercée, elle est irrévocable pendant deux ans.

3
Comment faire sa première déclaration d'impôt en tant qu'auto-entrepreneur ?

La première année, l’auto-entrepreneur a deux déclarations fiscales obligatoires :

  • la déclaration de revenus,
  • et la déclaration initiale de CFE.

Le choix du versement libératoire

Le versement libératoire permet de payer l’impôt sur le revenu en même temps que les cotisations sociales Urssaf. Le prélèvement est proportionnel au chiffre d’affaires et s’effectue chaque mois ou trimestre.

Taux 2025 du versement libératoire :

  • 1 % pour les activités d'achat-revente,
  • 1,7 % pour les prestations de services commerciales et artisanales,
  • 2,2 % pour les activités libérales.

Cette option n’est possible que si votre revenu fiscal de référence 2023 (N-2) ne dépasse pas 28 797 € par part de quotient familial (seuil 2025). Elle doit être demandée dans les 3 mois suivant la création ou avant le 30 septembre pour l’année suivante

Avec cette option, vous êtes considéré comme déjà imposé sur votre activité. Toutefois, vous devez tout de même déclarer votre chiffre d’affaires dans la déclaration 2042-C-PRO.

Le versement libératoire

Il est souvent avantageux pour les micro-entrepreneurs dont le foyer fiscal est imposé dans les tranches supérieures de l’impôt. À l’inverse, si votre chiffre d’affaires est faible ou si vous vivez dans un foyer non imposable, le régime classique peut vous permettre de ne rien payer du tout au titre de l’impôt sur le revenu, ce qui serait impossible avec un taux forfaitaire prélevé dès le premier euro.

Dans quelle case déclarer les revenus d'auto-entrepreneur sur la déclaration d'impôt ?

Votre chiffre d’affaires se déclare dans le formulaire 2042-C-PRO, dans les cases suivantes (année 2025) :

  • 5KO : ventes / hébergement (BIC),
  • 5KP : prestations de services BIC,
  • 5HQ : activités libérales (BNC),
  • 5TA, 5TB, 5TE : si vous avez choisi le versement libératoire.

Même si vous avez opté pour le versement libératoire, vous devez remplir cette déclaration, car elle sert à calculer le taux moyen d’imposition de l’ensemble de votre foyer fiscal.

Quand payer ses impôts : calendrier des déclarations en 2025

Au cours de votre première année d’activité, vous n’êtes pas libre de choisir vos échéances fiscales : le calendrier est imposé par l’administration. Les cotisations sociales sont payées tout au long de l’année, chaque mois ou chaque trimestre selon l’option choisie au moment de la création. Pour l’impôt sur le revenu, la logique est différente : vous ne le réglez qu’au moment de la déclaration annuelle, entre mai et juin 2025, sauf si vous avez opté pour le versement libératoire.

La déclaration fiscale ne déclenche pas un paiement immédiat

L’administration calcule votre taux moyen d’imposition, puis ajuste, à partir de septembre, les prélèvements mensuels effectués sur votre compte bancaire. Autrement dit, même si vous n’avez jamais payé d’impôt avant votre première déclaration, vous commencerez à en régler à partir de l’automne, sous forme de prélèvement automatique.
Enfin, la CFE suit un calendrier propre. Vous êtes exonéré la première année, mais vous devez tout de même remplir la déclaration initiale 1447-C-SD avant le 31 décembre 2025. Ce document permet au fisc de déterminer votre base d’imposition pour les années suivantes. La première véritable échéance financière de CFE interviendra en décembre 2026, soit lors de votre deuxième année d’activité.

Si vous n’encaissez aucun chiffre d’affaires

Vous devez impérativement effectuer une déclaration « 0 € » auprès de l’Urssaf. L’absence de déclaration entraîne automatiquement des pénalités, même si votre activité n’a pas encore réellement démarré. Cette règle ne concerne pas l’impôt sur le revenu, mais uniquement les cotisations sociales.

4
Simuler et optimiser votre revenu net

Le revenu réellement disponible pour un auto-entrepreneur ne correspond jamais au chiffre d’affaires facturé. Il doit être réduit du montant des cotisations sociales, puis de l’impôt sur le revenu, ce qui peut représenter entre 15 % et 30 % du chiffre d’affaires selon l’activité, l’éligibilité à l’ACRE, le régime fiscal choisi et le niveau de revenus.

Le calcul de votre salaire après charges

La méthode de calcul peut se résumer en trois étapes successives :

  1. appliquer le taux de cotisations sociales sur le chiffre d’affaires encaissé,
  2. déterminer la base imposable après abattement ou, si vous avez choisi le versement libératoire, appliquer directement le taux fiscal forfaitaire,
  3. calculer l’impôt dû, soit selon le barème progressif, soit via le taux du versement libératoire.

Prenons l’exemple d’un consultant indépendant qui réalise 28 000 € de chiffre d’affaires en 2025. S’il n’a pas obtenu l’ACRE et n’a pas opté pour le versement libératoire, il doit d’abord payer 21,1 % de cotisations sociales, soit 5 908 €. Sa base imposable sera ensuite de 66 % du chiffre d’affaires, c’est-à-dire 18 480 €, sur laquelle s’appliquera le barème de l’impôt sur le revenu. Pour un contribuable célibataire sans autre source de revenus, l’impôt atteindra environ 1 350 €. Le revenu net disponible s’élève donc à 28 000 – 5 908 – 1 350 = 20 742 €.

Le même micro-entrepreneur ayant obtenu l’ACRE bénéficierait d’un taux de cotisations réduit de moitié et ne paierait plus que 2 954 €, soit un gain immédiat d’environ 3 000 € sur sa première année. Son impôt resterait identique, car l’ACRE ne modifie en rien la fiscalité. Son revenu net atteindrait alors près de 23 700 €.

Les avantages du régime micro-BNC

Le régime micro-fiscal présente un avantage majeur pour les activités de prestations intellectuelles ou de services ne nécessitant pas de charges importantes : l’abattement forfaitaire remplace la comptabilisation réelle des frais, ce qui évite toute justification auprès de l’administration fiscale. L’auto-entrepreneur n’a pas l’obligation d’établir un bilan comptable, seulement de tenir un livre des recettes et de conserver ses factures.

Ce régime devient moins avantageux lorsque vos dépenses professionnelles dépassent le taux d’abattement (34 % en libéral, 50 % en services BIC, 71 % en vente). Dans ce cas, il peut être utile de basculer, à partir de la deuxième année, vers le régime réel simplifié, qui permet de déduire l’ensemble des frais engagés.

Exemples de revenus selon votre activité

Le revenu net disponible varie fortement selon l’activité exercée, car le taux de cotisations sociales et le montant de l’abattement fiscal ne sont pas identiques.

  • Un commerçant qui réalise 50 000 € de chiffre d’affaires conserve une part importante de ses revenus, car ses cotisations ne s’élèvent qu’à 12,3 % et son abattement fiscal atteint 71 %. Après cotisations sociales (6 150 €) et impôt sur le revenu (environ 450 € pour une personne seule), il lui reste environ 43 400 €.
  • À l’inverse, un prestataire de services réalisant 35 000 € de chiffre d’affaires supporte un taux de cotisations sociales de 21,2 % et un abattement fiscal de 50 %. S’il a opté pour le versement libératoire, il paiera également 1,7 % d’impôt sur le revenu en même temps que ses charges sociales. Son revenu net s’élèvera alors à environ 27 000 €, soit un écart de plus de 15 000 € à chiffre d’affaires comparable avec la vente.

5
Quel est le montant d'impôt à payer par un auto-entrepreneur en première année ? : tout ce qu'il faut retenir

Quand un auto-entrepreneur doit-il payer ses impôts la première année ?

Les cotisations sociales sont dues dès le premier euro de chiffre d’affaires, chaque mois ou trimestre, via l’Urssaf. L’impôt sur le revenu est payé soit lors de la déclaration annuelle (mai-juin), soit au fil de l’année si vous avez choisi le versement libératoire. La CFE, en revanche, n’est jamais due la première année, mais uniquement à partir de la deuxième, avec une réduction de 50 %.

Comment déclarer ses revenus d’auto-entrepreneur aux impôts ?

Les revenus d’auto-entrepreneur doivent être déclarés dans le formulaire 2042-C-PRO, dans les cases correspondant à votre activité (BIC ou BNC). Même si vous avez opté pour le versement libératoire, la déclaration reste obligatoire, car elle sert au calcul du taux d’imposition de votre foyer. La déclaration intervient au même moment que celle des salariés, entre mai et juin.

Quel régime fiscal choisir en tant qu’auto-entrepreneur ?

Le choix se fait entre le régime micro-fiscal classique (abattement + barème progressif) ou le versement libératoire (impôt prélevé en pourcentage du chiffre d’affaires). Le versement libératoire n’est intéressant que si votre foyer est imposé dans une tranche significative : un micro-entrepreneur peu imposé ou non imposable paiera souvent moins avec le régime classique.

Qui est exonéré de la cotisation foncière des entreprises (CFE) la première année ?

Tous les auto-entrepreneurs sont exonérés de CFE la première année, mais ils doivent tout de même envoyer la déclaration initiale 1447-C-SD avant le 31 décembre. La CFE n’est réellement payée qu’à partir de la deuxième année, avec une base réduite de 50 %. Certaines activités (artisanat, CA inférieur à 5 000 €, zones spécifiques) peuvent être exonérées durablement.

Côté MAIF

Protégez-vous avec notre assurance professionnelle et profitez de garanties indispensables à votre activité dès la 1ère formule. Notre assurance couvre votre activité avec un tarif adapté selon votre chiffre d'affaires : vous êtes protégé1 et vous préservez la trésorerie de votre société.

Sur le même thème

Bien gérer sa facturation en freelance

Se faire payer ses factures, pour un freelance, c’est la base. A priori, même si on choisit son métier par passion, on bosse pour de l’argent. Une bonne gestion de la facturation assure des revenus réguliers et facilite la vie avec l’administration fiscale française.

TVA pour les micro-entrepreneurs

En tant que micro-entrepreneur, vous devrez peut-être collecter la TVA ! Pourquoi ? pour qui ? Cet article donne toutes les informations à savoir pour devenir un pro de la TVA.

Quelle imposition pour un auto-entrepreneur ?

Impôt sur le revenu, TVA, cotisation foncière des entreprises (CFE) : en tant qu'indépendant, vous serez soumis à un régime fiscal qui variera selon le type de votre activité, votre structure juridique, votre chiffre d'affaires ainsi que la catégorie à laquelle appartiennent vos bénéfices. Explications. Artisans, commerçants, professions libérales, exploitants agricoles non-salariés... Selon un bilan de l'agence centrale des organismes de sécurité sociale (Acoss), la France compte plus de 4,1 millions de travailleurs indépendants. Parmi eux, 1,7 million sont des micro-entrepreneurs. Leur point commun ? Tous sont à la tête d’une entreprise individuelle dont les recettes sont imposées sous le régime de l’impôt sur le revenu.

Comment fonctionne le prélèvement à la source pour les auto entrepreneurs ?

Depuis 2019, le prélèvement à la source (PAS) de l'impôt sur le revenu impacte salariés, retraités et travailleurs indépendants. Cette réforme permet l'adaptation de l'impôt aux revenus en temps réel, évitant ainsi les décalages. Pour les indépendants, le PAS se concrétise par des acomptes basés sur la dernière déclaration de revenus, ajustables en fonction des fluctuations de revenus via le portail des impôts. Cela leur garantit flexibilité et contrôle optimisé de leur fiscalité.

Est-il possible d'avoir plusieurs micro-entreprises ?

Créer sa micro-entreprise est un excellent moyen de se lancer rapidement dans l'entrepreneuriat. Mais peut-on en posséder plusieurs ? Est-il possible d'exercer plusieurs activités distinctes en tant qu'auto-entrepreneur ? Quelles sont les limites juridiques et pratiques ? Cet article vous aide à y voir clair.