Qu'est-ce que l'estime en navigation ?

Marc Helary, Infornav

6 min


MAJ février 2023

L'estime est l'art de tracer sa route en navigation sans l'aide d'instruments électroniques. Elle n'est généralement utilisée qu'en navigation côtière, quoique les polynésiens ont accompli de magnifiques navigations océaniques à l'estime. Ils connaissaient parfaitement la carte du ciel et étaient également capables de se repérer grâce à la direction des vagues.

1
Navigation côtière

En navigation côtière il vous faut, un compas de relèvement et une règle de navigation (règle Cras, rapporteur breton, règle Autocap...).

Pour une bonne estime, le maximum de précision est de rigueur car toutes les erreurs ne feront que s'accumuler sachant qu'il y a toujours un pourcentage d'incertitude. Prendre un relèvement à l'aide du compas lorsque le bateau bouge en permanence n'est pas toujours facile et demande de l'apprentissage.

La côte est généralement pourvue d'amers. Il s'agit de points de repères remarquables comme les églises, les châteaux d'eau, les phares, les pointes et d'autres encore. Les découvrir peut devenir un jeu.

Une fois les amers repérés sur la côte, il est nécessaire de les identifier sur la carte avec certitude. Il faut être absolument certain que les amers repérés correspondent bien. On peut également opérer dans le sens inverse, les choisir d'abord sur la carte et les repérer ensuite sur la côte.

Il faut ensuite les relever au compas de relèvement. L'idéal est de choisir 3 amers espacés d'environ 60°. On peut se munir d'un cahier et d'un crayon pour noter les relèvements afin d'être certain de ne pas les confondre une fois que l'on descend à la table à carte.

Pour le relèvement manuel, il est nécessaire de s'éloigner d'une source métallique.

Nous avons tous appris que le nord magnétique d'un compas ne correspond pas au nord géographique de la carte. Il faudra donc tenir compte de cette différence, qui s'appelle la déclinaison magnétique, avant de tracer le point relevé sur la carte à l'aide de la règle de navigation.

Une fois les relèvements tracés sur la carte, vous aurez un triangle dans lequel se trouve le bateau. Plus ce triangle est petit et plus votre point est précis. C'est la raison pour laquelle il est demandé de faire 3 relevés. N'en faire que 2 vous donnera 2 droites qui se croisent, d'où une plus grande imprécision.

Il est nécessaire de faire un calcul de marée couvrant la zone de navigation car les courants devront être connus pour tracer sa route. Ces courants sont annotés dans des abaques qui délimitent des zones de navigation, repérés par des lettres sur les cartes de navigation côtière.

Tenir également compte de la dérive du bateau lorsque l'on navigue au près. Certains voiliers dérivent plus que d'autres, et si l'on ne connaît pas le bateau sur lequel on navigue, considérer une dérive de 10° par défaut.

2
Navigation hauturière

En navigation hauturière les amers ont disparu. Nous ne pourrons compter dans ce cas que sur la vitesse du bateau et la précision du barreur à tenir son cap. Ne pas oublier de tenir compte des courants qui sont, sur les cartes océaniques, généralement représentés par des flèches. Leur précision n'égale pas celle des cartes de navigation côtière mais il est important de ne pas les sous-estimer.

Après plusieurs jours d'estime en arrivant du large, une remontée des fonds, même à une centaine de milles des côtes, peut engendrer une mer différente, différence qui se voit surtout dans la forme des vagues ou parfois dans la couleur de l'eau. Des vagues ne venant pas de la même direction que le vent peut donner des indications sur le courant de surface. Cette différence peut ne pas être perçue par le néophyte mais un marin averti aura suffisamment de discernement.

Les oiseaux sont également de bons amers sachant que certains d'entre eux ne s'éloignent pas à plus d'un certain nombre de milles d'une terre. Ils peuvent annoncer la proximité d'une côte. La nuit, les étoiles sont de bons repères. Évidemment, savoir utiliser un sextant, et surtout s'entraîner régulièrement à son maniement et aux calculs, et évitera bien des inquiétudes.

3
Trucs et astuces

  • Ne pas se décourager si les premiers résultats ne sont pas probants. La navigation à l'estime est un art qui demande de la rigueur et de l'entraînement.
  • N'hésitez jamais à éteindre votre GPS et à revenir aux fondamentaux. Un jour peut-être une panne surviendra à votre bord et vous vous féliciterez d'avoir appris à naviguer sans électronique.
  • Le sondeur est une grande aide à l'estime puisqu'il suffit de comparer le résultat de votre relèvement avec le GPS et de constater que ce dernier est si précis !
  • Et surtout, toujours avoir l'humilité de se remettre en question.

Côté MAIF

  • Votre bateau et ses équipements sont couverts suite à un événement climatique dès la formule au tiers.
  • Votre bateau prêté est assuré sans déclaration préalable.
  • Vous bénéficiez d’une assistance pour les personnes que vous embarquez et votre bateau.
  • Vous naviguez moins de 20 jours par an ? Avec l’assurance à la demande, activez vos garanties lorsque vous partez naviguer.

Sur le même thème

Comment bien naviguer la nuit ?

Lors d'une navigation de nuit, la perception est totalement différente et les risques sont plus importants que lors d'une navigation diurne.

Comment lire une carte marine ?

Si vous souhaitez sortir du port et naviguer avec votre navire, il vous faudra connaître votre position à reporter sur une carte pour éviter l’accident.