Qu'est-ce que le Retrait Gonflement des sols Argileux (RGA) ?

Isabelle Mazet-Faubladier, Juliette Cédat, avec la contribution de la Mission Risques Naturels

10 min


Mis à jour le 7 août 2025

Le changement climatique accroît les phénomènes de Retrait Gonflement des sols Argileux (RGA). Sous l’effet de la sécheresse et de la réhydratation des sols, les habitations peuvent subir des dommages et des déformations parfois importantes.

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Qu’est-ce que le phénomène de Retrait Gonflement des sols Argileux ?

Le changement climatique accentue les cycles aléatoires de sécheresses-pluies intenses, entraînant des sécheresses plus intenses et plus longues, ce qui risque de provoquer des dommages plus profonds dans les sols.1

En période pluvieuse ou humide, les argiles gonflent. En l’absence d’eau, elles se rétractent. La succession de pluies et de sécheresse entraine donc des mouvements de terrain différenciés, en fonction de la densité d’argile contenue dans le sol, de la quantité de pluie reçue.

De cinétique lente, parfois étalé sur plusieurs années, ce phénomène peut générer de fortes contraintes mécaniques sur les constructions.

Environ 16 millions de maisons individuelles sont exposées au Retrait-Gonflement des sols Argileux, dont 10,4 millions en risque moyen ou fort (soit 54 % de l’habitat individuel)...

Comment savoir si je suis concerné par le Retrait-Gonflement des sols Argileux ?

Pour savoir si votre maison est exposée, rendez-vous sur Aux Alentours par MAIF ou sur Carte interactive | Géorisques : vous tapez l'adresse du lieu concerné et l'on vous dit tout !

illustration maisons individuelles

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Quels dommages peuvent être causés par le Retrait-Gonflement des sols Argileux ?

Les dommages affectent principalement la structure du bâtiment, et peuvent se manifester par : 

  • La fissuration des structures (enterrées ou aériennes).
  • Un dévers des structures ou le décollement des annexes accolées (terrasses, garages).2
  • Le désencastrement des éléments de charpente ou de chaînage.
  • Le tassement, la fissuration de dallages.
  • La distorsion des ouvertures (portes, fenêtres).
  • Le décollement des revêtements (enduit, revêtements muraux et sol…).
  • La rupture de canalisations.
  • L’étirement, la compression voire la rupture de canalisations/ de la tuyauterie.

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Que faire pour protéger votre habitat du Retrait Gonflement des sols Argileux dans une zone exposée ?

Face à l’ampleur du problème, la prévention du risque RGA sur les habitations est un défi majeur des années à venir. De nombreux moyens de remédiation sont à l’étude, en expérimentation ou en cours de développement. Les conclusions sont attendues vers 2026.

Il est cependant possible de limiter le risque RGA en évitant les fortes variations du taux d’humidité dans le sol. Pour cela, vous pouvez agir sur :

La végétation

  • Éloignez les arbres, qui pompent l’eau nécessaire à leur survie, si besoin en étendant leurs racines. Pour maintenir l’humidité, il convient de laisser une distance supérieure à 1,5 fois la hauteur de l’arbre adulte entre cet arbre et votre habitation. Si la construction ne peut pas être située à une distance suffisante des arbres, vous pouvez aussi placer un écran anti-racines autour de chacun d’eux.
  • Les arbres pompent l’eau nécessaire à leur survie, si besoin en étendant leurs racines. Pour maintenir l’humidité, il convient de laisser une distance entre les arbres et votre habitation (environ 1,5 fois la hauteur de l’arbre). Si la configuration du terrain ne le permet pas, vous pouvez aussi placer un écran anti-racines autour de chaque arbre.
  • Certaines essences (chêne, peuplier, saule…) sont connues pour favoriser le RGA : pensez-y lors de l’aménagement de votre terrain, en choisissant des espèces peu risquées.
  • Vous pouvez placer un écran anti-racines autour de votre habitation et entre chacun des arbres, le but étant de maintenir l’humidité pour chacun d’entre eux.

La gestion des eaux sur votre parcelle

  • Vérifiez que les eaux qui circulent sur la parcelle ne stagnent pas et ne déséquilibrent pas le niveau d’humidité des fondations de votre bien. Le cas échéant, il faut imperméabiliser les abords de la construction.
  • Prenez en compte la topographie et mettez en place des systèmes d’irrigation simple ou limitez les stagnations d’eau. Par exemple, l’eau doit être collectée en amont si votre terrain est en pente.
  • Raccordez les eaux usées et pluviales au réseau collectif ou à des récupérateurs d’eau.

Protéger sa maison du retrait-gonflement des argiles

Retrouver dans cette vidéo, tous les conseils pour protéger votre maison.

Des techniques innovantes en test à MACH (Maison Confortée par Humidification)

Des solutions techniques innovantes sont testées dans le cadre du projet « Initiative sécheresse » lancé par France Assureurs, la CCR et la MRN.

Ce projet a pour objectif d’évaluer dans le temps les solutions de prévention et de réparation des maisons individuelles. Il concerne les maisons sinistrées et les maisons non sinistrées exposées au phénomène de RGA. Il s’agit de mettre en œuvre des solutions de prévention et de protection additionnelles aux méthodes de réparation préconisées par les experts, dont les effets et l’évolution seront analysés dans le temps.

Quatre familles de solutions de prévention et de protection additionnelle sont envisagées :

  • réhydratation des sols : injection d’eau stockée à proximité des fondations en période de sécheresse ;
  • protection des sols : installation de dispositifs de confinement des fondations (géomembrane, écran anti-racine, drainage…) ;
  • traitement des sols : injection d’une solution à proximité des fondations ;
  • reprise en sous-œuvre : installation de micropieux ou de longrines au niveau des fondations.

La Stabilisation des sols de fondations par imperméabilisation périmétrale

Cette technique, effectuée avec la mise en place d’une géomembrane, permet d’intervenir directement sur la cause essentielle du désordre, à savoir le sol lui-même et sa sensibilité à l’eau. Il s’agit de en faisant en sorte de stabiliser la teneur en eau des sols de fondation de l’ouvrage tout en renforçant les superstructures si nécessaire (MRN-référentiels de résilience du bâti aux aléas naturels).

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Peut-on construire dans une zone de Retrait Gonflement des sols Argileux ?

La construction d’un bien dans une zone RGA est réglementée et soumise à l’application rigoureuse de prescriptions constructives. Depuis le 1er octobre 2020, toute vente de terrain constructible ou tout projet de construction doit être précédé par une étude géotechnique.

Pour pouvoir vendre un terrain constructible, le vendeur a l’obligation de faire réaliser un diagnostic du sol vis-à-vis du risque lié à ce phénomène et de le transmettre au potentiel acquéreur.

Avant de construire une maison :  l'acheteur transmet une étude géotechnique au constructeur. Si elle révèle un risque de mouvement de terrain différentiel consécutif à la sécheresse et à la réhydratation des sols, le constructeur doit en suivre les recommandations et respecter les techniques particulières de construction définies par voie réglementaire. Notre conseil : entourez-vous d’un ingénieur en structure béton qui suivra votre projet de construction de A à Z : analyse de l’étude géotechnique, traçage des plans, suivi de la construction…

Documents

Sols argileux, sécheresse et construction.

Le ministère de la transition écologique a édité une plaquette qui présente de manière synthétique l’ensemble du dispositif mis en place.
Bâtisses aux pieds d’argile : faire construire en zone rouge.

Construire en terrain argileux.

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Quelles sont les conditions pour être indemnisé en cas de dommages liés au Retrait Gonflement des Sols Argileux ?

La première condition est d’avoir souscrit un contrat multirisques pour l’habitation en question.

Il faut ensuite qu’un arrêté de catastrophe naturelle soit publié au journal officiel, qui couvre votre commune et la période durant laquelle les dommages sont apparus.

Vous disposez d’un délai de 30 jours maximum à compter de la publication de cet arrêté pour déclarer le sinistre à votre assureur, qui pourra mandater un expert pour déterminer si la sécheresse constitue la cause déterminante des dommages constatés. Et si ces dommages sont survenus durant la période visée par l’arrêté. Le rapport d’expertise permettra à votre assureur de se prononcer sur la mise en œuvre des garanties. Si elles sont acquises, l’expert pourra, si nécessaire, ordonner des mesures d’investigations complémentaires telles que des études de sol et procédera au chiffrage des travaux de réparation nécessaires.

Pour plus sur de détails rendez-vous sur Sinistre sécheresse : indemnités et déclaration - MAIF

Eu égard aux délais de parution des arrêtés Cat-Nat RGA, cette garantie pourrait être forclose si l’arrêté était défavorable. Rapprochez-vous de votre Mairie.

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