Comment réussir un empannage ?

Laurence Begaudeau-Boyer, plaisancière

9 min


MAJ février 2023

Empanner consiste à passer d’un bord sur l’autre avec le vent dans le dos. Comme pour le virement de bord, les voiles vont donc changer de côté.

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Étapes par étapes

Dans un empannage, le vent va cueillir la grand-voile par l’arrière et accélérer le passage de la bôme d’un bord sur l’autre, parfois violemment. Tout l’art de l’empannage consiste donc à contrôler et adoucir cette étape en toute sécurité.

Il convient de préparer la manœuvre en amont :

  • vérifier que les écoutes de grand-voile et de génois soient lovées et prêtes à filer,
  • placer un équipier à l’écoute de grand-voile et à chaque winch de génois selon le nombre d’équipiers disponibles.

Personne ne doit se trouver à hauteur de la bôme pendant toute la durée de la manœuvre. L’idéal est que les équipiers et passagers restent assis dans le cockpit.

Personne ne doit se trouver sur le pont.

Personne ne doit rester assis à proximité du chariot de grand-voile.

Pour cette manœuvre, il est fortement conseillé à l’équipier de grand-voile de porter des gants.

Aux allures portantes (lorsque le vent vient de l’arrière), le risque principal est que la bôme passe sans prévenir. On parle alors “d’empannage sauvage”. Pour éviter cette situation dans la phase préalable à l’empannage, le barreur doit toujours contrôler que le bateau est bien placé au grand-largue et pas au vent arrière (le vent doit appuyer sur la GV).

A la barre

Le barreur place le bateau au grand largue, c’est-à-dire avec la girouette orientée de trois quarts vers l’arrière du bateau.

Il demande aux équipiers de se préparer en annonçant fort et clair “parés à empanner ?”.

A la grand-voile

L’équipier de grand-voile place le chariot dans l’axe du bateau et le bloque dans cette position en verrouillant les palans de chariot sur chaque bord.

Il borde l’écoute de grand-voile au maximum et si possible rapidement jusqu’à amener la bôme au plus près de l’axe du bateau, puis bloque l’écoute dans les mâchoires du palan.

Si la grand-voile est trop dure à border, se faire aider par un autre équipier.

Au génois

  • L’équipier libère le dernier tour du winch sous le vent et maintient l’écoute en tension dans sa main.
  • Un autre équipier prépare le winch au vent avec deux tours d’écoute en sens horaire, tous les équipiers doivent maintenant être assis dans le cockpit pour la manœuvre. Personne ne doit se trouver à hauteur de la bôme.
  • Les équipiers sont maintenant prêts à manœuvrer. Ils l’annoncent fort et clair au barreur en lui répondant “paré !”.
  • Le barreur lance l’empannage en annonçant fort et clair “on empanne !”, puis fait tourner le bateau lentement mais franchement pour le faire passer sur l’autre bord (il tire sur la barre).

Pendant cette étape son regard surveille la chute de grand-voile (la diagonale de la voile située entre le mât et la bôme).
En passant sur l’autre bord, la chute de grand-voile annonce que la bôme va passer à son tour dans les deux secondes qui suivent. C’est donc en observant la chute que barreur et équipier de grand-voile vont détecter le moment de l’empannage et contrôler ainsi le passage de la bôme.

  • Dès que le barreur annonce l’empannage, l’équipier de grand-voile s’assoit et ne quitte plus des yeux la chute de la grand-voile jusqu’à ce que la bôme soit passée sur l’autre bord.
  • Il tient fermement l’écoute à deux mains, celles-ci étant placées à environ 50 cm du palan d’écoute, légèrement en hauteur des mâchoires du bloqueur du palan.
  • Lorsque la chute de grand-voile s’inverse, il choque l’écoute de grand-voile par un mouvement de coup de fouet très ferme sur les mâchoires du palan et laisse l’écoute filer jusqu’au bout.
    Si l’équipier de grand-voile ne porte pas de gants, mieux vaut lâcher l’écoute après avoir choqué pour éviter de se brûler les mains.
  • Amener le chariot de grand-voile en butée sous le vent du bateau pour éloigner au maximum la bôme de l’axe du bateau.
  • Récupérer le génois sur l’autre bord.
  • Faire route sur le nouveau bord au cap désiré.
  • Régler les voiles en fonction du nouveau cap.

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Sécurité

L’empannage est la manœuvre où la bôme est la plus dangereuse car elle va passer rapidement d’un bord sur l’autre.

En cas de choc, les dégâts sur le corps humain, notamment sur la tête, peuvent être graves, voire mortels. Les dégâts sur le bateau peuvent aussi être importants sur le gréement.

Pour empanner en sécurité

On suivra les recommandations suivantes :

  • Avant d’effectuer cette manœuvre, il est donc indispensable qu’aucune personne à bord ne se trouve sur la trajectoire de la bôme ni à sa hauteur.
  • Si le vent souffle à plus de 4 beauforts (à partir de 18 nœuds), cette manœuvre devient dangereuse. On préférera alors des virements de bord pour passer d’un bord à l’autre (changement de direction vent debout).

Placement des passagers et équipiers

Sur le pont et dans le cockpit, les drisses sont lovées et les écoutes prêtes à filer.

Les passagers qui ne participent pas à la manœuvre seront assis à l’arrière du cockpit ou à l’intérieur du bateau si l’on manque de place pour tout le monde. Personne ne doit se trouver sur le pont du bateau.

Les équipiers doivent rester à tout instant vigilant au passage de la bôme.

Le plus simple est que tout le monde reste assis dans le cockpit pendant la manœuvre, même ceux qui y participent.

Enfin, personne ne doit s’asseoir à proximité du chariot de grand-voile qui peut aussi faire mal quand la bôme passera d’un bord sur l’autre.

Ces quelques règles simples vous permettront de manœuvrer en sécurité.

Zones de danger :

  • tout le pont du bateau, particulièrement la partie située à l’arrière des haubans,
  • toute partie du cockpit placée sur la trajectoire de la bôme.

A l’intérieur :

Comme pour le virement de bord, vérifier que chaque objet soit bien calé à l’intérieur du bateau, les placards, hublots et vannes de toilettes fermés.

Comme dit le proverbe, un bateau bien rangé est un bateau en sécurité !

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Erreurs courantes

Avant d’entamer la manœuvre, le barreur doit toujours contrôler que le bateau est bien positionné au grand largue et non au vent arrière ou au travers :

  • Si le bateau est au vent arrière on risque un “empannage sauvage”: la bôme passerait sans prévenir alors que l’écoute n’est pas bordée, augmentant le risque de dégâts humains et matériels.
    Si le génois commence à tomber comme s’il n’y avait plus de vent, c’est que le bateau est trop près du vent arrière: il faut revenir au grand-largue avec la girouette orientée aux trois quarts sur l’arrière.
  • Si le bateau est au travers, l’équipier de grand-voile aura du mal à border son écoute pour l’empannage. Il faut alors replacer le bateau au grand largue.
  • Bien choquer l’écoute de grand-voile en sortie d’empannage. Attention à ne pas se brûler les mains en choquant l’écoute de grand-voile dans l’empannage : si l’équipier de grand-voile n’a pas de gants, lâcher l’écoute dès qu’elle est choquée.
  • En sortie d’empannage, contrôler la trajectoire du bateau à la barre pour éviter de se retrouver tout de suite au travers.

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